25 juin 2009

Trois « Harkis » assiègent le Palais Bourbon, Sarkozy… et l’Histoire

En ce moment à Paris...
.


Trois « Harkis » assiègent

le Palais Bourbon, Sarkozy…

et l’Histoire

.
.
.
par
.
Alexandre Gerbi
.




5 mai 2009, 6 heures du matin. Une fille et deux fils de Harkis s’enchaînent à des lampadaires devant l’Assemblée Nationale. Détachés à l’aube par la police, Zohra Benguerrah, Abdallah Krouk et Hamid Gouraï « assiègent » depuis lors le Palais Bourbon, place Edouard Herriot, à deux pas de l’Assemblée Nationale. Ils dorment dans leur voiture et leur camionnette, et vivent sur le trottoir. Ils affirment qu’ils iront « jusqu’au bout ».

Leur objectif ? Il est simple : que l’Etat français reconnaisse enfin officiellement, et solennellement, ses éminentes responsabilités dans la tragédie des Harkis. Non par un simple décret ou de belles paroles, mais par une loi.

« Nous ne voulons pas de croquettes », lancent-ils. « Nous ne sommes pas ici pour demander l’aumône. Ce qu’on veut, c’est la reconnaissance du martyre des Harkis et de leurs enfants. Les massacres, les camps, l’aliénation, le mépris. On se situe sur le terrain du symbole avec un grand S. »

Sur un panneau, ils ont collé la circulaire Joxe qui, en 1962, interdisait aux officiers de ramener les Harkis en France. Désarmés, les supplétifs de l’armée française furent, pour beaucoup, massacrés par le FLN et ses partisans. Heureusement, certains officiers choisirent de désobéir aux directives ministérielles.

« Dans l’Algérie des premières heures de l’indépendance, massacrer les Harkis permettait, en éliminant les partisans de la France, de réduire tout le monde au silence par la terreur. Mais cela permettait aussi de se faire bien voir. Surtout quand, quelques années plus tôt, on avait été un peu trop « Algérie française ». Avec le sang des Harkis, on se refaisait facilement, au dernier moment, une vertu indépendantiste… » explique Abdallah Krouk, avec un accent et un sourire débarqués de sa Haute-Garonne natale.

D’un historien à l’autre, les estimations varient. Selon les uns, 45.000 harkis furent massacrés au lendemain de l’indépendance algérienne. Selon les autres, de 60.000 à 90.000. D’autres encore parlent de 150.000 victimes, englobant dans ce chiffre effroyable aussi bien les Harkis que les Algériens francophiles et les membres de leurs familles, alors désignés comme traîtres par les nouveaux maîtres du pays.

« On en a marre d’être assimilés à des collabos par les jeunes des banlieues » martèle Abdallah Krouk. « Nos pères combattaient le FLN qui massacrait les Algériens à tour de bras. Il n’y a qu’à voir ce que l’Algérie est devenue depuis, ça saute aux yeux. Les Harkis combattaient pour la France, parce qu’ils voulaient, comme la majorité des Algériens, que l’Algérie reste un département de la République, comme la Réunion ou la Martinique. Dans l’égalité et la fraternité avec les Français. Si de Gaulle l’avait voulu, aujourd’hui l’Algérie serait autrement développée. Et tous les Algériens ne voudraient pas émigrer vers la France, puisqu’ils seraient à l’aise chez eux… et Français ! »

Zohra Benguerrah a les yeux cernés. Pas facile de bien dormir dans une voiture, surtout quand ça dure depuis un mois et demi. « Moi je m’en fous, je peux souffrir, ce n’est rien. Si vous saviez tout ce qu’on a déjà souffert depuis cinquante ans. Maintenant, il faut que l’Etat reconnaisse, c’est tout. Nous ne lâcherons pas. »

Chaque jour qu’Allah fait, les trois « assiégeurs » déploient leurs banderoles sur la place Edouard Herriot.

« Les députés nous ignorent. En particulier ceux de gauche. Regardez celui-là ! Il regarde droit devant lui ! Il presse le pas ! »

Effectivement, à vingt mètres, un ancien et célèbre ministre socialiste accélère, attaché-case à la main, semblant ne rien vouloir savoir de ce qui se passe là…

Les députés ne sont pas les seuls à appliquer la politique de l’autruche. Aucun média contacté n’a jugé bon de s’intéresser au cas de nos trois « assiégeurs ». Pour cause de politiquement incorrect ?

L’une des banderoles prend en effet pour cible « les juges Francs-Maçons » et affirme : « La France est raciste ».

« On n’a plus rien à perdre. On veut provoquer un électrochoc, les forcer à sortir de leur tanière. Si la France n’est pas raciste, si les Francs-Maçons sont des humanistes, alors pourquoi tous ceux-là ne font-ils rien pour nous, depuis tout ce temps ? A l’époque, pourquoi ne sont-ils pas venus nous sortir des camps ? Où étaient les droits de l’homme ? »

Zohra, Abdallah et Hamid n’ont pas la chance d’avoir fait l’ENA ou un Bac+12. Relégués dans leur désespoir, par mélange de rage et d’avidité d’attirer l’attention, ils sont forcément enclins à quelques regrettables amalgames. Mais qui osera leur jeter la pierre outre mesure ?

Hamid Gouraï explique : « Pendant des années, les hommes politiques nous ont dit en coulisse : soyez patients, attendez que les vieux gaullistes historiques meurent. Alors, tout se débloquera... Maintenant, Messmer est mort depuis deux ans. Et rien n’a changé. On attend toujours. Alors on est là, et on ne bougera pas tant que Sarkozy ne tiendra pas ses promesses… »

Effectivement, pendant sa campagne présidentielle, le candidat de l’UMP avait promis qu’il réglerait une fois pour toutes le scandale des Harkis : « Les Harkis ont cru en la parole de la France, je serai celui qui tiendrai cette parole ». « Si je suis élu, je veux reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre des Harkis et d'autres milliers de musulmans français qui lui avaient fait confiance. Afin que l'oubli ne les assassine pas une nouvelle fois. »

Devenu chef de l’Etat, aurait-il donc changé d’avis ?

Il faut bien reconnaître qu’à l’approche du cinquantième anniversaire des indépendances de l’Afrique noire dite française (1960-2010) et de l’Algérie (1962-2012), le sujet est pour le moins « casse-gueule ». Car derrière la tragédie des Harkis, ce sont tous les mensonges de la décolonisation franco-africaine qui se tiennent en embuscade. S’il s’avisait d’ouvrir sérieusement, et en profondeur, le terrible dossier Harkis, l’Elysée sait bien que c’est une véritable boîte de Pandore historique et politique qu’il ouvrirait du même coup.

Zohra Benguerrah répète calmement : « La plupart des Algériens ne voulaient pas de l’indépendance, et surtout pas avec le FLN, cette minorité criminelle qui les terrorisait depuis des années ». Hamid Gouraï enfonce le clou : « A l’époque, la majorité des Algériens préféraient continuer de vivre en harmonie avec la France et les Français, dans un esprit fraternel. »

Abdallah Krouk s’emporte : « Mais De Gaulle l’a bien dit, il avait peur que son village s’appelle Colombey-les-Deux-Mosquées. Alors il a préféré se débarrasser de l’Algérie. Et de nous ! »

Un vénérable vieillard, membre du HCR (Haut Conseil des Rapatriés, créé en 2002 par Jean-Pierre Raffarin), venu les soutenir, va jusqu’à affirmer : « Evidemment que la majorité des Algériens ne voulaient pas de l’indépendance. Aujourd’hui encore, 75% d’entre eux préféreraient être Français. Organisez un référendum, vous verrez ! »

Et en Afrique subsaharienne ?

Si Nicolas Sarkozy reconnaissait sans fard les responsabilités éminentes de l’Etat français, mais aussi de Charles de Gaulle dans la tragédie des Harkis… S’il avouait qu’il y a cinquante ans, la Ve République blanciste fit le choix de larguer non seulement l’Algérie mais aussi l’Afrique entière par crainte du métissage, en plus de sordides calculs financiers… S’il proclamait, osant reprendre le mot du Général, que la « bougnoulisation » du peuple français et son corollaire, un président noir ou arabo-berbère à l’Elysée, furent la cause fondamentale des indépendances africaines…

A coup sûr de tels aveux feraient plutôt mauvais genre dans la France d’aujourd’hui, et probablement l’effet d’une bombe dans le reste du monde…

Comment réagiraient Abdelaziz Bouteflika, les Africains et la communauté internationale, notamment le président Obama ? En France, que diraient les intellectuels et la presse, souvent complices de l’imposture ? Quant à la gauche et l’extrême-gauche, se priveraient-elles d’une si belle occasion d’accuser Sarkozy d’être un infâme nostalgique de l’Empire et de l’Algérie Française ? Enfin, les gaullistes « orthodoxes » le lui pardonneraient-ils ?

Face aux dangers vertigineux et aux cruelles incertitudes d’une telle configuration, les slogans en forme d’« électrochocs » des trois assiégeurs du Palais Bourbon paraissent bien dérisoires… Et de fait, l’Elysée se claquemure dans le silence depuis un mois et demi.

Il est vrai que pour s’engouffrer dans pareil étau idéologique, il faudrait, du moins en apparence, être suicidaire ou un peu tombé sur la tête.

Si seulement Sarkozy pouvait vraiment devenir fou…


Alexandre Gerbi




Libellés : , , , , , , , , , , , ,

16 juin 2009

Ode au grand homme

Article publié sur le site
Afrique Liberté en mai 2008
.


Ode

au grand homme

.
.
.
par
.
Anne-Proserpine Diop
.




Il y a un peu plus d’un an, à l'occasion du 50e anniversaire de la prise du pouvoir par le général de Gaulle en Mai-Juin 1958, Anne-Proserpine Diop publiait cette tribune décapante sur le site Afrique Liberté, aujourd'hui disparu. A l'approche du 50e anniversaire des indépendances d'Afrique subsaharienne (1960-2010), nous croyons utile de la republier. Attachez donc bien vos ceintures et... bonne lecture !




Merci à toi, Ô fondateur de la glorieuse Vème République et son seul grand président, merci d’avoir purifié la France, Ô grand alambic, toi sans qui nous aurions été horriblement précipités !

Certes, nous perdîmes dans l’affaire 95 % de notre territoire et la moitié de notre population, mais qu’importe ?

Certes, les « indigènes » devinrent souvent ensuite des pauvres parmi les pauvres et innombrables martyrs, les bourgeoisies-intelligentsias africaines et maghrébines pataugent dans le nationalisme, l’ethnicisme voire le racisme et l’antisémitisme, et cultivent à plaisir des sentiments anti-français dont elles tentent d’abreuver leurs peuples avec notre bénédiction, mais qu’importe ?

Certes, dans ce contexte de mensonge, de mépris et d’injures, les banlieusards de nos villes, « blacks » ou « beurs », sont complètement paumés et vomissent l’Etat français blanciste et retors, ainsi que la République, ses valeurs, la France et son peuple qu’ils confondent avec lui, mais qu’importe ?

Certes, tout cela réjouit nos concurrents qui n’en espéraient pas tant – la France non seulement dépossédée de la totalité de son Empire, mais encore confrontée aux conséquences catastrophiques du choix blanciste sur sa propre population ! – , mais qu’importe ?

L’essentiel c’est que nous te disions grand merci, Ô génie des Alpes en ce sens que tu planes très haut sur les sommets aristocratiques de la vision nationale et de la pensée.


Merci à toi, Ô esprit prodigieux et fulgurant, incarnation zélée du courage et du prestige, toi qui nous as légué l’Europe blanche et propre et riche plutôt que l’Afrique noire et grise, crasseuse et incapable !


Merci à toi, Ô Père Noël – que Dieu ne t’a-t-il fait éternel pour conduire les veaux à jamais ! – merci à toi, grâce à qui j’allume en l’an 2008 ma télé à 20 heures tous les jours pour admirer mon président blanc, mon Assemblée nationale blanche et mon Sénat blanc, mes maires blancs, mes partis politiques blancs, mes intellectuels blancs, mes écrivains et mes écrivaines blancs, ma France d’en-haut obèse et blanche, avec sa minimale écume métèque.

Merci à toi, Ô élixir de France, en ce sens que la France blanche éternelle s’incarna en toi comme Dieu en Jésus-Christ !

Merci à toi, Ô l’ami des peuples, d’avoir rendu nègres et ratons à la Liberté qui nous profite et les assassine !

Et merci à toi, Ô gardien de l’ordre harmonieux, merci encore d’avoir ranci dans la consommation opulente les sans-culottes françois de la sorte muselés !

Ô oui, infiniment merci à toi d’avoir guéri le peuple français de l’absurde lubie d’apporter au Monde entier Liberté, Egalité, Fraternité et Laïcité, ces marottes qui ne valent que pour lui, et encore, et merci aussi pour les Amerloques et pour Ben Laden : plus la France est réduite et modeste, plus le peuple français tourne le dos au monde, plus ceux-là sont prospères et puissants !


Enfin merci, merci mille fois à toi, Ô le bien nommé et le bien taillé, grand fils de Gaule, protège dans tes mains fermes et rugueuses les mânes de nos ancêtres blancs et blonds, toi qui deux fois sauvas la France en pourfendant le péril étranger ! A l’heure où mugissent les banlieusards basanés et enragés, désintégrés et intégristes, oranges mécaniques vivantes preuves de ta clairvoyance, il fallait s’en débarrasser, ces gens-là ne peuvent être la France, ces gens-là ne sauraient être la France, jamais deux sans trois, Ô premier d’entre les Gaulois, que le ciel nous tombe sur la tête, ressuscite et reviens encore une fois nous sauver !


Anne-Proserpine Diop




Libellés : , , , , , , , , , , ,