15 mai 2010

Crise grecque (suite) : Les choix calamiteux de Jean-Claude Trichet, de la BCE et des dirigeants européens





Crise grecque (suite) :


Les choix calamiteux

de Jean-Claude Trichet,

de la BCE et des dirigeants européens





par


Alexandre Gerbi

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Lundi 10 mai 2010, les marchés financiers ont salué avec effervescence (+9,66% pour le CAC 40 par exemple) le plan concocté par la Banque centrale européenne (BCE) et les gouvernements de la zone euro, portant sur une intervention à hauteur de 750 milliards d’euros. Un tonnerre d’applaudissement bien compréhensible, puisque ledit plan sacrifie à l’orthodoxie monétaire dont, dans notre précédent article, nous avons expliqué les dangereuses implications.

En effet, cette orthodoxie maintient les gouvernements de la zone euro en position de faiblesse vis-à-vis des marchés financiers, notamment états-uniens. Le 12 mai 2010, Jean-Claude Trichet proclamait ainsi avec fierté au micro d’Europe 1 : « La BCE ne fait pas fonctionner la planche à billets ». Et d’expliquer : « toutes les liquidités que nous donnerons (...) seront reprises ».

Autrement dit, les Etats bénéficiaires du plan devront rembourser, ce qui veut dire que l’aide accordée par la BCE alourdira la dette (et les échéances de remboursement) de pays déjà affaiblis. Au point d’accélérer leur chute ? Les mesures draconiennes qui permettent de « raboter » ici et là quelques milliards coûteront, dans les faits, au bout de la chaîne, fort cher aux malheureux citoyens grecs, et bientôt portugais, espagnol, italiens, enfin français déjà souvent confrontés à de terribles difficultés… A la clef, des économies nationales plombées par une consommation dès lors drastiquement bridée, et des millions de citoyens paupérisés, poussés sur le chemin de la révolte ou, pire encore, du désespoir.

Résultat des courses, après la spectaculaire euphorie du lundi 10 mai, les bourses ont repris dès le lendemain le chemin de la baisse, tout comme l’euro, au point, au cours de la semaine, d’effacer en grande partie les gains enregistrés le fameux lundi…

Il est à craindre que l’absurde plan de la BCE provoque l’effondrement des économies les plus faibles de la zone euro, qui par un effet domino entraîneront les autres dans la tourmente. Pire encore, la crise pourrait passer, par contagion, du terrain économique au terrain social puis politique.

Un risque qui se traduit par un nouveau dévissage de l’euro, qui tournait autour d’1,26 $ à la veille du plan de la BCE, et cote aujourd’hui vendredi 1,23 $.

S’affranchir de l’orthodoxie monétaire aurait permis de dégager d’importantes liquidités « saines » (quelques dizaines, voire quelques centaines de milliards d’euros) pour colmater immédiatement les brèches budgétaires et relancer les économies des Etats en difficulté, sans faire peser outre mesure l’effort sur les particuliers, mais sur un cours de l’euro d’ailleurs encore inutilement haut. Par la même occasion, l’opération, en assujettissant la BCE aux gouvernements de la zone euro, aurait permis de lancer un signal fort à l’adresse des marchés, en rappelant qui est le vrai maître du jeu. Cerise sur le gâteau, l’opération aurait permis le lancement d’un vaste plan de développement de l’Afrique, partenaire incontournable et prioritaire pour l’Europe, à tout point de vue, y compris éthique et historique.

Le choix de la BCE et des gouvernements européens est exactement inverse : faire peser l’effort sur les Etats et, partant, sur les particuliers, sous prétexte de protéger l’euro. Le tout sans jamais inscrire l’opération dans le cadre d’une stratégie plus vaste... Ce qui risque, en définitive, de provoquer tout de même une chute de la devise européenne dans des proportions plus grave encore.

A l’arrivée, nous risquons d’être perdants sur tous les tableaux. Car l’avantage reste, une fois de plus, dans le camp des marchés et des agences de notation, pourtant responsables dans une large mesure de la crise financière.

Et en face, les Etats européens, comme toujours égotistes, aveugles ou pusillanimes.

Que l’euro dégringole ou explose en vol, la planche à billet désormais bel et bien interdite, ils seront Gros-Jean comme devant…



Alexandre Gerbi




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1 Comments:

At 27/5/10 14:07, Anonymous Anonyme said...

La planche à billet est de facto interdite depuis 1973 en France.

 

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