Dimanche, il
se pourrait bien que François Hollande soit chargé de représenter la
gauche face à Nicolas Sarkozy (ou Marine Le Pen...) au second tour de
l'élection présidentielle.
Mais François Hollande est-il de gauche ? On est en droit d'en douter.
Un seul exemple : dans le traité européen rejeté par les Français en
2005 et en faveur duquel François Hollande s'était prononcé comme le
Parti socialiste - à l'exception, notamment, à l'époque, de Jean-Luc
Mélenchon -, il était fait mention de beaucoup de choses incongrues,
telles que l'indépendance de la Banque centrale européenne (BCE) ou
l'alliance atlantique (OTAN) ; mais le traité n'imposait aucun SMIC
européen... Comment peut-on être de gauche et appeler à voter pour un
traité faisant fi du droit social le plus élémentaire - le salaire
minimum - et, partant, marqué à ce point à droite ? Mieux encore, le
même François Hollande, comme le Parti socialiste, s'est allié à Nicolas
Sarkozy pour trahir la décision du peuple français, en faisant passer
le traité de Lisbonne, copie du précédent, par le Congrès en 2008.
A l'évidence, François Hollande n'est pas de gauche, s'il n'est pas de
droite. Il peut s'époumoner en répétant les mots "Egalité", "Justice"
ou "Changement", il n'est pas de gauche, il n'est qu'un représentant du
Système qui détruit la France depuis des décennies, notamment en mentant
sur son Histoire - la pseudo décolonisation - et en soumettant la
France à l'ultralibéralisme financier tout en l'inféodant à une Europe
elle-même inféodée aux Etats-Unis. Avec cette nouveauté sous Nicolas
Sarkozy, que la France a été transformée en valet empressé des
Etats-Unis (pour se donner l'illusion d'avoir encore l'envergure de
jouer un rôle planétaire ?), c'est-à-dire en devançant ses désirs. Qu'on
se rassure : sur les chapitre libyen, ivoirien ou syrien, le Parti
Socialiste est exactement sur la même longueur d'onde que l'UMP, tout
comme François Hollande et Nicolas Sarkozy sont parfaitement d'accord
sur l'essentiel.
Au fond, de Sarkozy à Hollande, seule la rhétorique change, seul
l'emballage varie, mais le logiciel est exactement le même. Le traité
européen en est l'illustration. La façon dont UMP et PS l'ont fait
passer témoigne de leur commun mépris pour la démocratie et le peuple,
et de leur commune vision de l'Europe, soumise à la finance, aux dogmes
ultralibéraux et aux USA.
Les deux candidats Hollande et Sarkozy, comme larrons en foire pour
faire passer le traité européen pourtant rejeté trois ans plus tôt par
le peuple français malgré la manipulation médiatique, ont aussi été
d'excellents partenaires dans la campagne pour le premier tour de la
présidentielle : se renvoyant la balle, posant perpétuellement l'autre
comme son unique challenger sérieux, refusant l'un comme l'autre le
débat avec les autres candidats et, partant, la confrontation des idées -
avec pour résultat une campagne jugée nulle par tous les observateurs, à
commencer par les électeurs -, Sarkozy et Hollande ayant longtemps
accaparé la parole dans les médias, en parfaits complices, pour mieux
écraser les autres candidats et assurer au Système une victoire
certaine. Si au soir du premier tour, nous héritons d'un duel
Sarkozy-Hollande, le Système sera assuré de cinq années de plus pour
affaiblir encore et peut-être détruire la France. Force est de constater
que le Système aura tout fait pour cela.
Faut-il, pour autant, désespérer ?
Le Front de Gauche et Jean-Luc Mélenchon, malgré des médias hostiles et
manipulateurs, ont réussi à créer un mouvement puissant, sans doute le
plus puissant de France. En effet, ni Sarkozy, ni Hollande, en dépit de
leurs affirmations, n'ont réussi à déclencher les marées citoyennes
qu'on a vues à la Bastille, à Toulouse, à Marseille... A Vincennes ou
place de la Concorde, malgré des moyens immenses, les effectifs réunis
par les candidats du PS et de l'UMP étaient deux, trois voire quatre
fois moins importants que ceux réunis par le candidat du Front de
Gauche. Même si, à Vincennes comme place de la Concorde, caméras et
barrières étaient disposées de façon à donner une impression de foule
maximale...
Le 22 avril, demain, les Français auront-ils la lucidité, défiant la
gigantesque manipulation médiatique et politique, de voter massivement
pour Jean-Luc Mélenchon, afin de s'offrir un vrai choix au second tour ?
Ou bien seront-ils assez fous pour tomber dans le piège qui leur est
tendu depuis des mois, en assurant dès le premier tour le Système de se
maintenir encore cinq ans au pouvoir, par le truchement de François
Hollande et Nicolas Sarkozy ?
Dans ce dernier cas, les Français n'auront plus à se plaindre ni à
pleurnicher de ce qui leur arrive ainsi qu'à leur malheureux pays déjà
tellement mal en point...
Alexandre Gerbi
2 Comments:
d'accord pour voter Melenchon dont d'ailleurs Sarkozy a avoué la qualité de la campagne.
d'accord pour voter Melenchon dont d'ailleurs Sarkozy a avoué la qualité de la campagne.
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