2 juin 2012

Hollande président de la France : Pire que Sarkozy ?





Hollande président de la France :


Pire que Sarkozy ?




par

Alexandre Gerbi




Afghanistan, bouclier antimissile, SMIC, Eurobonds, Syrie… Moins d’un mois après sa prise de fonction, on a envie de dire à François Hollande : « Nicolas Sarkozy, sors de ce corps ! » A moins que Hollande soit, tout simplement, encore pire que Sarkozy…


La fraternité fut assassinée il y a cinquante ans, et l’on s’étonne que la France d’aujourd’hui courre après la fraternité perdue !

Qu’on se le dise : crise financière ou pas, c’est surtout une profonde crise d’identité (et de fraternité !) qui menace de disloquer la France. C’est pour cela que Sarkozy a perdu, accusé d’être coupable de la dislocation qui vient…

Or nul ne semble voir que, bien au-delà des responsabilités du minuscule cas sarkozyen, c’est d’abord sur l’assassinat d’une certaine idée de la France, entre 1958 et 1962, que s’est érigé le régime actuel, précisément sur le refus de voir l’Ultramarin – en particulier l’Algérien, mais aussi le Noir africain – comme un égal, comme un citoyen, comme un Français à part entière...

En ce cinquantenaire (subreptice…) de l’indépendance des départements d’Algérie, deux ans après celui des territoires d’Afrique saharienne et subsaharienne, parce qu’elle a façonné, parce qu’elle a constitué dans sa structure la France actuelle, cette idéologie fondamentalement ségrégationniste conditionne nos rapports à la France, ou plutôt à ce qu’est devenue essentiellement la France (en tout cas à ses propres yeux…) : l’Hexagone. Les « Gaulois », les « Souchiens » et tous ceux qui se sentent assimilés au « corps français » cher à Charles de Gaulle et à Gérard Longuet, se sentent le plus souvent chez eux dans l’Hexagone, quand nombre de descendants de ces Ultramarins naguère mis au ban de la République, eux, ne s’y sentent pas, ne s’en sentent pas. C’est en tout cas ce que pense une partie d’entre eux aujourd’hui, de leur aveu même.

La France fut refusée à leurs aïeux et voici qu’ils n’en veulent plus, comme en réponse du berger à la bergère. Félix Houphouët-Boigny n’avait-il pas dit : « Nous avons attendu la fiancée, un bouquet de fleurs à la main ; elle n’est pas venue, les fleurs se sont fanées. » Cinquante ans plus tard, la rupture peut sembler définitivement consommée avec beaucoup de ces Français contrariés, puisque l’Amour, à force de folle politique et de mensonges encore plus fous, s’est changé trop souvent en Désamour, parfois en Haine. Sur fond d’Amnésie ou de mémoire sélective...

Cet Etat de la Ve République créé par Charles de Gaulle, à la fois auteur et gardien de la catastrophe qui nous guette, n’est-il pas, par essence, incapable de nous sauver ? L’antiracisme cultivé dès Giscard, puis à l’envi par Mitterrand, Chirac et même Sarkozy, fit office de rustine sur un ulcère, car tous ces hauts personnages participèrent à l’occultation du largage de l’Afrique, alors qu’ils étaient bien placés pour en connaître les principaux méandres. Leur antiracisme ostentatoire n’a servi au fond à rien, sinon à aggraver le mal en faisant durer le mensonge et l’hypocrisie cynique du régime, jusqu’à la tartufferie crasse que nous subissons avec une force toute particulière depuis une dizaine d’année.

Aujourd’hui, loin d’être cicatrisée, la plaie postcoloniale est béante, plus à vif que jamais. Car au-delà des mémoires ravagées, c’est la trame même de la société et du monde que met à rude épreuve cette histoire affreuse et dévastatrice, immense pauvreté, exodes en conséquence, affaiblissement de la cohésion collective et de l’amour du pays coupable (puisque de Gaulle ne saurait être accusé), etc.

Après tout, pour sortir d’un tel cauchemar, il faudrait tout mettre sur la table, commencer par dire la vérité sur ce qui s’est passé il y a cinquante ans. Mais si chacun en prenait conscience, beaucoup en auraient le vertige. Et à ce petit jeu-là, c’est tout un joli monde d’intellectuels, de politiques, d’historiens, vivants ou morts, qui serait discrédité. « Vous nous avez menti », s’entendraient-ils dire. Ou mieux : « Vous fûtes bêtes », « vous fûtes aveugles » ou encore, « vous fûtes lâches ». Alors ces messieurs-dames préfèrent se taire encore, histoire de gagner quelques années de quiétude, écraser le truc, encore un instant monsieur le bourreau, quitte à ce que la France et tout le reste en meure. Après moi, le déluge, comme on dit…

Issu de ce système, François Hollande, sauf coup de théâtre, n’y pourra rien, n’y fera rien, n’y songera même pas sans doute.

Le pire est donc à redouter pour les cinq ans à venir et leur dénouement : 2017…

Alexandre Gerbi


2 Comments:

At 2/7/12 02:30, Blogger Sophie de Clauzade said...

Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

 
At 2/7/12 02:48, Blogger Sophie de Clauzade said...

i"Tout mettre sur la table"! Oui !
Il serait temps, en ces moments cruciaux dont le drame de Toulouse a révélé l'extrême gravité aux Français.

 

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