Hollande président de la France :
Pire que Sarkozy ?
par
Alexandre Gerbi
Afghanistan, bouclier antimissile, SMIC, Eurobonds, Syrie… Moins d’un
mois après sa prise de fonction, on a envie de dire à François Hollande :
« Nicolas Sarkozy, sors de ce corps ! » A moins que Hollande soit,
tout simplement, encore pire que Sarkozy…
La fraternité fut assassinée il y
a cinquante ans, et l’on s’étonne que la France d’aujourd’hui courre après la
fraternité perdue !
Qu’on se le dise : crise
financière ou pas, c’est surtout une profonde crise d’identité (et de
fraternité !) qui menace de disloquer la France. C’est pour cela que
Sarkozy a perdu, accusé d’être coupable de la dislocation qui vient…
Or nul ne semble voir que, bien
au-delà des responsabilités du minuscule cas sarkozyen, c’est d’abord sur
l’assassinat d’une certaine idée de la France, entre 1958 et 1962, que s’est
érigé le régime actuel, précisément sur le refus de voir l’Ultramarin – en
particulier l’Algérien, mais aussi le Noir africain – comme un égal, comme un
citoyen, comme un Français à part entière...
En
ce cinquantenaire (subreptice…) de l’indépendance des départements d’Algérie,
deux ans après celui des territoires d’Afrique saharienne et subsaharienne, parce
qu’elle a façonné, parce qu’elle a constitué dans sa structure la France
actuelle, cette idéologie fondamentalement ségrégationniste conditionne nos
rapports à la France, ou plutôt à ce qu’est devenue essentiellement la France
(en tout cas à ses propres yeux…) : l’Hexagone. Les « Gaulois »,
les « Souchiens » et tous ceux qui se sentent assimilés au
« corps français » cher à Charles de Gaulle et à Gérard Longuet, se
sentent le plus souvent chez eux dans l’Hexagone, quand nombre de descendants
de ces Ultramarins naguère mis au ban de la République, eux, ne s’y sentent
pas, ne s’en sentent pas. C’est en tout cas ce que pense une partie d’entre eux
aujourd’hui, de leur aveu même.
La
France fut refusée à leurs aïeux et voici qu’ils n’en veulent plus, comme en réponse
du berger à la bergère. Félix Houphouët-Boigny n’avait-il pas dit :
« Nous avons attendu la fiancée, un bouquet de fleurs à la main ;
elle n’est pas venue, les fleurs se sont fanées. » Cinquante ans
plus tard, la rupture peut sembler définitivement consommée avec beaucoup de
ces Français contrariés, puisque l’Amour, à force de folle politique et de
mensonges encore plus fous, s’est changé trop souvent en Désamour, parfois en
Haine. Sur fond d’Amnésie ou de mémoire sélective...
Cet Etat de la Ve République créé
par Charles de Gaulle, à la fois auteur et gardien de la catastrophe qui nous guette,
n’est-il pas, par essence, incapable de nous sauver ? L’antiracisme
cultivé dès Giscard, puis à l’envi par Mitterrand, Chirac et même Sarkozy, fit
office de rustine sur un ulcère, car tous ces hauts personnages participèrent à
l’occultation du largage de l’Afrique, alors qu’ils étaient bien placés pour en
connaître les principaux méandres. Leur antiracisme ostentatoire n’a servi au
fond à rien, sinon à aggraver le mal en faisant durer le mensonge et
l’hypocrisie cynique du régime, jusqu’à la tartufferie crasse que nous
subissons avec une force toute particulière depuis une dizaine d’année.
Aujourd’hui, loin d’être
cicatrisée, la plaie postcoloniale est béante, plus à vif que jamais. Car
au-delà des mémoires ravagées, c’est la trame même de la société et du monde
que met à rude épreuve cette histoire affreuse et dévastatrice, immense
pauvreté, exodes en conséquence, affaiblissement de la cohésion collective et
de l’amour du pays coupable (puisque de Gaulle ne saurait être accusé), etc.
Après tout, pour sortir d’un tel
cauchemar, il faudrait tout mettre sur la table, commencer par dire la vérité
sur ce qui s’est passé il y a cinquante ans. Mais si chacun en prenait conscience,
beaucoup en auraient le vertige. Et à ce petit jeu-là, c’est tout un joli monde
d’intellectuels, de politiques, d’historiens, vivants ou morts, qui serait
discrédité. « Vous nous avez menti », s’entendraient-ils dire. Ou
mieux : « Vous fûtes bêtes », « vous fûtes aveugles »
ou encore, « vous fûtes lâches ». Alors ces messieurs-dames préfèrent
se taire encore, histoire de gagner quelques années de quiétude, écraser le
truc, encore un instant monsieur le bourreau, quitte à ce que la France et tout
le reste en meure. Après moi, le déluge, comme on dit…
Issu de ce système, François
Hollande, sauf coup de théâtre, n’y pourra rien, n’y fera rien, n’y songera
même pas sans doute.
Le pire est donc à redouter pour
les cinq ans à venir et leur dénouement : 2017…
Alexandre Gerbi
2 Comments:
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
i"Tout mettre sur la table"! Oui !
Il serait temps, en ces moments cruciaux dont le drame de Toulouse a révélé l'extrême gravité aux Français.
Enregistrer un commentaire
<< Home